Avant toute chose, sachez que la
malédiction sur la pêche dont je me suis plaint dans le post précédent a été
levée. Soit que le mort n’ait pas réussi à me suivre en Amazonie, soit que, lui-même
charmé par les lieux, il ait décidé de me laisser enfin attraper quelques
poissons :
Il s’agit de différentes espèces de silures pêchés avec un fil, un hameçon, des lombrics, des grillons et une machette.
Vous souhaitez vous aussi d’apprendre à pêcher le silure au grillon et à la machette ? Ça tombe bien, les gens de Napurak rêvent d’accueillir des touristes ! Napurak, c’est une petite communauté qui regroupe sept familles Achuar en Amazonie équatorienne, au bord du rio Pastaza (j’en parle dans ma BD Anent. Nouvelles des Indiens Jivaros ).
Du tourisme, me direz-vous, mais
ne vaudrait-il pas mieux laisser ces braves indiens tranquilles ?
Il vaudrait sans doute mieux, en
effet, mais cette option n’est pas vraiment envisageable. Deux routes s’approchent
du territoire Achuar et le gouvernement projette d’y exploiter le pétrole. On
dit en Équateur que les Achuar sont en mesure de résister, grâce notamment à
leur puissante organisation (la NAE). Mais, pour résister, encore faudrait-il
qu’ils soient unis, ce qui est loin d’être le cas. Beaucoup rêvent de voyager
et d’envoyer leurs enfants étudier en ville. Pour obtenir les fonds
nécessaires, certains se disent que travailler dans une compagnie pétrolière
est une bonne idée. Ceux qui sont le plus farouchement opposés aux routes et au
pétrole sont souvent ceux qui ont eu l’occasion de sortir de leur forêt et de constater,
par exemple, l’effet de la route sur leurs cousins Shuar (d’autres jivaros qui
sont passés en quelques années du statut de redoutables chasseurs de tête à
celui de paysans pauvres et méprisés) ou celui du pétrole sur les Achuar du
Pérou. Le tourisme est la seule option qui leur permettrait de rester maîtres
de leur destin. Pour que cette voie les mette d’accord, il faudra que les
revenus générés soient correctement répartis entre les différentes communautés.
D’où le projet d’une expérience à Napurak, qui pourra ensuite servir d’exemple.
Il y a par ailleurs déjà une
adorable petite maison prête à vous accueillir, avec une vue imprenable sur le
Pastaza, où vous pourrez vous endormir bercés par le doux ronronnement du
jaguar :
A l’origine c’était une remise, mais une fois construite ils se sont aperçus qu’ils n’avaient rien à remiser. Ils sont donc en train de la transformer en maison pour les visiteurs, en l’agrémentant de lits, de fenêtres et d’une terrasse sur pilotis avec hamacs en fibres de palmier.
A Napurak, il y a aussi des
couchers de soleil et des enfants photogéniques :
Ainsi que de la nourriture en
abondance :
La nourriture, il faut le
reconnaître, coïncide pour l’instant mal avec les canons occidentaux, mais il y
a du potentiel :
En plus du basilic, nous avons
découvert dans les jardins de Napurak de la coriandre, des citronniers, du
gingembre, du piment et une plante forestière au fort goût d’ail. Hormis les
citronniers dont ils ne font rien (ce sont les missionnaires qui les ont plantés
en espérant que les Indiens se mettraient à boire de la limonade à la place de
la bière de manioc), les autres plantes remplissent des fonctions diverses,
mais jamais culinaires. Pour obtenir des plats légèrement plus conformes à nos
goûts et dans la perspective d’accueillir des occidentaux, nous avons par
exemple essayé de garnir d’ail, de coriandre et de citron le ventre des petits
poissons-chats cuits en papillotes de feuilles. Et pour agrémenter leur écrasé
de bananes vertes, nous avons fait du lait de coco et confectionné une sauce
avec de l’ail, du gingembre, de la coriandre, du citron et du piment.
En plus d’être beaucoup moins
cher que tous les tours ringards en Amazonie, votre séjour à Napurak sera
autrement plus palpitant : vous pourrez petit déjeuner sur votre terrasse
des caïmans au basilic que vous aurez vous-même harponnés la nuit précédente, vous
apprendrez à pêcher au poison végétal, à repiquer le manioc ou à repérer les
meutes de pécaris à l’odeur. Vous pourrez aussi, assis au coin du feu pendant
les heures qui précèdent l’aube, apprendre à interpréter vos rêves et répondre
aux questions pressantes des Indiens concernant votre pays d’origine, sur la taille des jardins, les relations de couple ou le prix de la
viande de singe.
Bref, si vous ne savez pas quoi
faire de vos prochaines vacances, n’hésitez plus. Vous pouvez me demander les
détails via ce blog et si c’est
possible je me ferai un plaisir de vous accompagner.
ah c'est tentant...
RépondreSupprimeret les enfants adoreraient (va falloir juste être un peu persuasif pour les larves).
Il y a des activités prévues pour les enfants, comme la pêche à la machette en eaux peu profondes. Je peux vous envoyer des photos.
SupprimerSi on emmène la belle mère, on peut avoir une réduction de tête avec un certificat d'authenticité ?
RépondreSupprimerLes Achuar ne réduisent plus les têtes depuis longtemps, mais on peut organiser quelque chose chez les Shuar. Par contre il faut savoir que le processus traditionnel prend une année.
SupprimerBonjour, si votre proposition n'est pas une blague, je veux bien plus de détails pour venir rencontrer les Achuar.
RépondreSupprimerBonjour,
Supprimerc'est très sérieux. J'y serai en août de cette année puis à partir de juin 2017. Mais vous pouvez aussi y aller sans moi. Vous pouvez m'écrire à pignocchi@hotmail.fr pour les détails.
Merci
SupprimerJ ai 15 jours de libre début février
Que pouvez vous proposer?
Merci
Bonjour,
Supprimersi vous voulez aller à Napurak, il vous suffit de prévenir Marco (un Achuar qui est en contact radio avec la communauté) via facebook :
https://www.facebook.com/nukasmarco.senkuansanchim
L'avionnette se prend à Macas (compagnie AeroMorona). Si vous voulez plus d'informations écrivez-moi : pignocchi@hotmail.fr
Bonjour,
RépondreSupprimerToujours d'actualité ce séjour chez les Achuar et les parties de pêche à la machette ? Ou bien les pétroliers ont gagné ?
Je suis en Colombie pour un an, pas loin de l'équateur donc.
Possible de me donner des précisions sur la situation actuelle ?
Merci !
Bonjour, est-il toujours possible de se rendre à Napurak? Si oui, qui faut-il contacter ?
RépondreSupprimerOui bien sûr, vous pouvez m'écrire : pignocchi@hotmail.fr
Supprimer